De la sociologie au management
Après un bac littéraire, Emma, maman de 23 ans, s’est orientée vers la sociologie, à peine majeure, elle s’est fait la réflexion que cela lui permettrait potentiellement de comprendre les autres et leur façon de faire. En parallèle de ses études, elle exerçait en tant que vendeuse dans une boutique de prêt à porter, c’est ce job étudiant qui l’animait plus que sa licence. Dotée d’une fibre commerciale, son manager l’a vite repérée et lui a proposé un poste de manager junior pour lequel elle a arrêté ses études. De fil en aiguille, elle est devenue manager adjointe puis commerciale manager. Le contact avec le client s’est donc peu à peu remplacé par de l’analyse commerciale, de la gestion des réseaux sociaux et Emma a dû apprendre à manier les outils digitaux afin de répondre aux missions confiées.
Virage vers le digital
Son parcours reflète le tempérament d’Emma : soif d’apprendre, volonté d’évoluer, de bouger, elle ne tient pas en place et aime toucher à tout. Une vie à mille à l’heure qui a été ralentie par la covid et l’arrivée de son fils. Cette période a été une véritable révélation pour Emma, d’abord, le digital, lui, ne connaît pas la crise. Le monde est physiquement stoppé ? Les ventes en ligne continuent. Le monde reprend ? Les ventes en ligne continuent. Elle y a vu comme une porte d’entrée dessinant de multiples possibilités. Pour autant, la quête de sens reste très importante pour elle, concilier l’aspect écologique et social, c’est un véritable défi, un défi au goût du jour, au milieu de centaines d’entreprises pratiquant le greenwashing, le social-washing, au milieu de politiques infructueuses dans un monde où les catastrophes se multiplient, où la démographie augmentent au même rythme que la demande avec une production peu élastique.
Emma s’est orientée vers Label École, car une amie a fait la CDP5 qui lui a beaucoup plû, elle a donc postulé à son tour.
La volonté d’avoir son business avait déjà germé dans la tête d’Emma, elle nous a alors confié deux projets qui ont mûri en elle.
Le premier
Une crèche adaptée aux enfants handicapés, sa mère éducatrice spécialisée lui a ouvert les yeux sur le manque de structures dans ce domaine. Les enfants en situation de handicap évoluent généralement avec leurs parents au cours de leurs 3 premières années, ce qui creuse dès la naissance des disparités sociales et économiques. Cette institution aurait pour objectif de rassembler les enfants sans handicap et les enfants en situation de handicap afin de favoriser l’intégration de ces derniers·es lors de la scolarisation. Mener ce projet, c’est aussi se confronter à d’importants moyens techniques, économiques, humains qui demandent un grand investissement en décalage avec l’emploi du temps de maman d’Emma qui garde toutefois ce projet dans un coin de sa tête.
Le deuxième
C’est celui qu’elle travaille à Label École : “VALOR”. Issue d’un milieu rural, Emma allait chercher ses fruits à la cueillette, et est sidérée de voir les critères de commercialisation des fruits et légumes. Une grande partie est jetée voire transformée car ne répondent pas aux cahiers des charges des établissements alimentaires. Pourtant, ces denrées alimentaires contiennent les nutriments nécessaires à la consommation humaine !
Emma est renseignée sur le sujet, son militantisme est teinté d’une connaissance pointue de l’actualité. En plus d’être une aberration écologique et éthique, ce sont des d’agriculteurs.trices qui s’assoient sur leur rémunération. Emma veut donc acheter ces produits et les revendre en créant de la valeur ajoutée : production de confitures, de purée, de soupe. Dans la continuité de ses valeurs, la dimension 0 déchet est primordiale et l’objectif serait de travailler avec le minimum de résidu, sans conservateurs ni arômes artificiels.
“La pomme de blanche neige est recouverte d’une pellicule de cire toxique”
Lutte contre la précarité
Le combat que mène Emma, c’est aussi l’accessibilité de ses produits, elle se refuse à faire de l’écologique et de l’éthique une marchandisation gentrifiée. L’injonction à la consommation du bio, du vrac, du local entraîne pour elle une culpabilisation qui lui déplaît : les facteurs socio-économiques engendrent nécessairement des disparités de consommation. Le fait d’acheter à bas coût, avec une valeur ajoutée simple, c’est aussi une solution pour proposer des produits à un prix en cohérence avec le marché. Les proposer sur internet, c’est être consciente des contraintes temporelles auxquelles se heurtent les jeunes.
Au début, cette idée appartenait au fictif : Emma a développé ce projet dans le but d’obtenir son diplôme de Concepteur·trice designer UI à Label école. À force de travailler dessus et forte d’un intérêt certain pour le sujet, elle ne veut se fermer aucune porte. Aujourd’hui, elle réfléchit à concrétiser le projet à petite échelle et pourquoi pas être accompagnée de sa sœur.